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Quel est l'impact de la crise du coronavirus sur la valeur de mon entreprise ?

L’épidémie de coronavirus, apparue au printemps dernier, s’est rapidement transformée en une pandémie ayant de graves conséquences économiques dans le monde entier. Afin de ralentir la propagation du virus, certains pays ont mis en place des mesures spécifiques.

À la mi-mars, la Belgique est entrée en confinement avec une fermeture obligatoire des frontières nationales ainsi que de tous les magasins non essentiels. Les contacts et les déplacements ont été limités autant que possible. Bien qu’une stratégie de déconfinement ait suivi en mai, les mesures ont été à nouveau renforcées le mois dernier.

Au cours des derniers mois, Deminor a été contactée à plusieurs reprises par des actionnaires et des dirigeants d’entreprise (familiale) sur la question de l’impact du coronavirus sur la valeur actionnariale de leur société, notamment en cas de rachat d’entreprise ou de transfert familial.

 

Il est difficile de donner une réponse univoque à cette question car l'impact dépend à la fois du secteur et de l'entreprise.


Spécifique au secteur et à l’entreprise
Les sociétés cotées Kinepolis et AB Inbev sont gravement touchées par la fermeture obligatoire des cinémas et du secteur de l’horeca, respectivement. Les chaines de supermarchés (Colruyt, Ahold Delhaize) ainsi que les entreprises de télécommunications (Telenet, Proximus) se montrent plus résilientes. Les entreprises actives dans l’e-commerce (Zalando, bpost, PostNL) connaissent, quant à elles, une croissance accélérée.

L’impact est également spécifique à l’entreprise. Selon leur offre de biens et services, leur solidité financière, leur infrastructure, etc., certaines sociétés actives dans des secteurs fortement impactés peuvent adapter leur business model de manière temporaire ou permanente. Pensez aux restaurants qui se sont rapidement tournés vers les plats à emporter et les livraisons, ou aux magasins qui créent une boutique en ligne en quelques jours.


L’impact du coronavirus
La valeur théorique d’une entreprise peut être calculée selon différentes méthodes de valorisation ; parmi lesquelles une distinction peut être faite entre une approche par les capitaux propres (valeur de tous les actifs moins les dettes) et une approche par les revenus (méthode des comparables boursiers et méthode des flux de trésorerie actualisés). Cet article étudie l’impact du Covid-19 sur l’application des méthodes du multiple de l’EBITDA et de l’actualisation des flux de trésorerie (DCF).

Méthode du multiple de l’EBITDA

La méthode du multiple de l’EBITDA calcule la valeur de l’entreprise en multipliant l’EBITDA (cash flows opérationnels provenant de l’activité de la société, avant intérêts, impôts, amortissements et réductions de valeur) par un certain multiple (calculé sur base de la valorisation d’entreprises comparables). La valeur de l’entreprise est ainsi déterminée par 2 variables : l’EBITDA et le multiple.

Pour le calcul de l’EBITDA, certaines normalisations (par exemple, l’élimination ou l’ajustement d’un loyer non conforme au marché, de coûts ou de revenus non liés à l’exploitation, de redevances non liées au marché) doivent être prises en compte afin de refléter une image objective des flux de trésorerie opérationnels récurrents réalisés par l’entreprise.

Concrètement, il faut donc se demander à quel point la situation actuelle (une pandémie entrainant de telles mesures restrictives) est exceptionnelle. Du côté du vendeur, on soutiendra qu’il s’agit d’une situation extraordinaire et on éliminera l’impact du coronavirus des chiffres financiers. Du côté de l’acheteur, on sera plus prudent. En pratique, on utilise généralement un EBITDA moyen, calculé en pondérant les 3 derniers exercices comptables (2018, 2019 et 2020) ; ce qui permet d’éliminer partiellement l’impact de la crise sanitaire.

Au cours des derniers mois, la pandémie de coronavirus a influencé le niveau des multiples. Parmi les secteurs les plus résistants au Covid-19, les multiples sont restés stables, voire ont augmenté, pendant la crise.

Méthode de l’actualisation des flux de trésorerie (DCF)

La méthode des flux de trésorerie actualisés valorise l’entreprise sur base de ses cash flows futurs (normalisés) disponibles, actualisés à l’aide d’un taux d’actualisation. Les cash flows futurs sont déterminés sur base d’un business plan s’étalant sur plusieurs années (la période moyenne de prévision pour les PME est de 3 à 5 ans).

Par conséquent, si une entreprise ne subit que peu d’impact de la crise sanitaire et qu’elle est en mesure de maintenir ses estimations de résultats pour les années à venir, la valeur de l’entreprise ne sera que faiblement impactée. En revanche, si la crise du Covid-19 a un impact négatif sur l’activité de la société, et que cet impact devrait se poursuivre en 2021 (et les années suivantes), la valeur de l’entreprise diminuera.

Conclusion
En ce qui concerne les deux méthodes de valorisation étudiées ci-dessus, la pandémie de coronavirus, ainsi que les mesures restrictives l’accompagnant, ont un impact significatif sur la valeur des entreprises (familiales). Les prochains mois (lancement du vaccin, ndlr.) permettront de mieux comprendre le caractère temporaire de cet impact.

Quel est l'impact de la crise du coronavirus sur la valeur de mon entreprise ?